Article juin 2020
 
   

 

             

                     
                         L'écriture, une passion

 
 
                Expliquer son écriture à partir de son déclenchement pourrait commencer par « il était une fois » :
 
   Cadette d’une famille de cinq enfants, malgré tout mes efforts pour m'imposer, il me semblait impossible de trouver une place parmi la fratrie, mes frères et sœurs étant bien plus âgés que moi. J'étais cette enfant qui se sentant seule ou souvent incomprise cherchait à attirer l'attention autant qu'elle se cachait pour s'inventer un univers.
   La lecture fut tout simplement des ciels terriblement émotionnels! Ce dont j'étais l'unique à vivre au sein d'une famille peu encline à la culture. Les livres m'ouvrirent des chemins à suivre plus que des évasions, très tôt je les ai considérés comme des clés au bonheur. De l'autre l'écriture me donna une puissance extraordinaire, la possibilité de matérialiser mon imaginaire et mes pensées certes mais surtout un moyen de séduire les parents ; capital pour une fillette à la recherche d'affection.
 
   Dans les années soixante-dix, l'éducation nationale laissait une part de liberté aux enseignants du primaire concernant les formes d'apprentissage. Notre maître également directeur d'école appliquait un des principes de la méthode Célestin Freinet, celui de laisser l'enfant s'exprimer librement au travers l'imprimerie.
   Créer, illustrer, imprimer! J’en ai encore le goût des caractères que nous piochions dans les cassetins. Chaque trimestre, nous élaborions un fascicule destiné à récolter des fonds, quelle fierté pour nous les élèves de composer les pages de notre journal, l’encre plein les doigts.
 
   Il me semble que c'était au printemps, inspirée Des Histoires Naturelles de Jules Renard et certainement des récitations, à huit ans je décidai d'écrire un bêtisier et sur la page blanche s'alignèrent des phrases rimées. Mr Bruchet, c'était son nom, par-dessus mon épaule me dit :
 
   « Mets tes phrases les unes sous les autres et tu auras inventé un poème."
 
   J'avais inventé quoi? Mon envie de bêtiser s'envola devant le mot poème moins courant que le mot récitation. Le maître pallia à notre ignorance, il nous apprit le mot poésie, gr. Poiêsis « création ».
 
  Souvent malade, obligée de rester en classe pendant les récréations, j'avais le journal d'historiettes et de l'autre, un maître qui, par pitié de mon esseulement, me donnait carte blanche dans la bibliothèque, m'offrant parfois des livres en catimini sachant qu’ils étaient mes bouées de sauvetage. Ce fut là ma chance.
 
    Au fil du temps, la fidèle amie Poésie embellit et enrichit ma prose.
   Une amie parfois imprévisible où dans ses eaux du jour coule toujours un filet de ses eaux de nuit. Idéale pour soulager les maux, elle est une traversée intérieure qui vous mène jusqu’aux folies de l’âme et les pulsions du cœur. Surréaliste, elle image celle de la fantaisie et du rêve.
Papier crayon en poche, elle devient voleuse d’un instant, d’une ambiance et comble un carnet de voyage. De nature mémorielle, elle est une formidable messagère, utile dans l’engagement de nobles causes et l’espoir. Il n’existe pas de définition de la poésie, car si multiple dans ses formes comme dans ses charmes, elle ne peut se résumer en quelques mots.
 
   Et le poète dans tout ça…
   « L’art ne fait que des vers, seul le cœur est poète » André Chénier, Elégies, 1794.
 
 
                                                                                                                       Nathalie Réal
 
 



Créer un site
Créer un site